La Réserve fédérale est dans une situation délicate : cela provoquera-t-il l’effondrement du cycle haussier?

Les actions ont atteint de nouveaux sommets historiques vers la fin du deuxième trimestre. Cependant, alors que la confiance des investisseurs à l’égard d’un atterrissage en douceur aux États-Unis s’est renforcée, des signes semblent pointer vers un début d’affaiblissement de l’économie. À moins que l’inflation des services à prix rigides ne commence à se résorber, la Réserve fédérale américaine pourrait hésiter à réduire ses taux. Dans un contexte de valorisations élevées et de sentiment haussier généralisé, nous demeurons prudents quant aux actions aux niveaux actuels.

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Sommaire exécutif

Alors que nous entamons le troisième trimestre, les actions continuent d’atteindre des sommets records. Une partie de cette vigueur est sans aucun doute attribuable à l’optimisme persistant envers l’intelligence artificielle (« IA ») générative. Cependant, la conviction croissante d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine semble être le principal moteur des actifs à risque. Et la foi dans un dénouement idéal semble s’être renforcée récemment : selon le sondage réalisé en juin par Bank of America/Merrill Lynch auprès des gestionnaires de fonds, 73 % des personnes interrogées ne s’attendent pas à une récession au cours des 12 prochains mois; le chiffre le plus élevé depuis près de deux ans, et en hausse par rapport à celui de 64 % enregistré en mai.[1]

Paradoxalement, alors que la crainte d’une contraction de l’économie s’est dissipée, des signes indiquent que l’économie américaine commence à s’essouffler. Alors que les dépenses budgétaires excessives, l’assouplissement des conditions financières et l’émergence d’un puissant cycle de dépenses liées à l’IA ont contribué à maintenir le dynamisme de l’économie plus longtemps, les effets à retardement d’un resserrement agressif de la politique monétaire commencent à se faire sentir. Les indicateurs avancés mettent en garde contre les risques croissants et le précieux marché du travail américain montre des signes de fissuration.

Mais la Réserve fédérale américaine (la « Fed ») s’engage maintenant à rester en coulisse, choisissant de maintenir les taux directeurs inchangés pour le moment. Dans leurs commentaires publics, les responsables de la Fed soulignent la nécessité de disposer d’un plus grand nombre de données favorables confirmant que l’inflation a été maîtrisée avant que des réductions de taux ne puissent être justifiées. Selon le procès-verbal du Federal Open Market Committee du 22 mai, certains ont même évoqué la possibilité de nouvelles hausses des taux si l’inflation s’accélère de nouveau. Dans l’ensemble, il est raisonnable de supposer que la banque centrale américaine craint de sous-estimer les forces inflationnistes sous-jacentes, une erreur qu’elle a déjà commise lorsque l’économie mondiale a bondi après la pandémie.

À notre avis, la Réserve fédérale est confrontée à un véritable problème. Même si les prix des biens sont en déflation absolue, l’inflation de base des services est inconfortablement élevée et semble le rester. À moins que cette inflation des services obstinément élevée ne se résorbe, nous pensons que la banque centrale devrait hésiter à réduire ses taux. Cependant, plus la Fed tarde à assouplir sa politique, plus les chances d’une récession augmentent. C’est la situation délicate dans laquelle se trouve la Fed : elle ne veut pas abandonner la lutte contre l’inflation trop tôt, mais elle ne veut pas non plus commettre une erreur de politique en restant trop restrictive pendant trop longtemps. Il s’agit d’un équilibre délicat.

Nous percevons des risques sur les marchés boursiers et les autres actifs à risque, en particulier si l’affaiblissement des données économiques américaines amène les investisseurs à abandonner l’idée d’un atterrissage en douceur et à commencer à se concentrer sur une récession imminente. Après tout, les valorisations sont élevées, le positionnement est tendu du côté long et divers signes de spéculation de fin de cycle sont revenus sur le marché. Les transactions sur les « valeurs à quelques sous » (les « penny stocks »), par exemple, ont bondi, signe classique de l’euphorie des investisseurs. Dans le même temps, les liquidités mondiales n’ont pas soutenu la récente hausse des actions, le bilan de la Banque du Japon commençant à se contracter.

L’imminence de l’élection présidentielle américaine constitue un autre risque. Une victoire de Trump soulèvera probablement le spectre de nouveaux tarifs douaniers à l’encontre de la Chine, ce qui pourrait faire augmenter sensiblement l’inflation aux États-Unis. Mais si Biden l’emporte, certaines des politiques les plus à gauche de son parti pourraient commencer à mettre en péril la compétitivité des États-Unis. Quel que soit le vainqueur, l’économie américaine est confrontée à une importante falaise fiscale post-électorale : les modifications apportées au code fiscal en 2017 expireront en 2025, ce qui pourrait entraîner des hausses d’impôts de l’ordre d’environ 3 500 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.[2]

En dehors des États-Unis, les problèmes économiques s’accumulent. L’Europe est faible, le Canada serait en récession sans sa croissance démographique massive, et la Chine continue de se débattre avec les retombées de sa double crise immobilière et démographique. En raison des différences de croissance, d’inflation et de politique monétaire entre les États-Unis et le reste du monde, le billet vert pourrait se renforcer au deuxième semestre de 2024. Historiquement, ce phénomène a souvent été la recette d’un accident économique, en particulier dans les marchés émergents qui ont emprunté massivement en dollars américains.

Dans ce contexte, nous restons prudents à l’égard des actions aux niveaux actuels, estimant que de meilleurs points d’entrée se présenteront probablement dans les mois à venir. Il n’est pas exclu qu’un dégagement plus important se produise si des forces récessionnistes se font sentir.

 

 

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1Source: BofA Global Research, Global Fund Manager Survey, 18 juin 2024.

2Source: TD Cowen, TAXMAN : $3.5T TAX CLIFF ON 1/1/26 FOR INDIVIDUAL RATES, MORTGAGE, ESTATE & SALT, le 30 avril 2024.

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