Les marchés ont surmonté une correction apparemment catastrophique au début du mois d’août et se sont redressés pour atteindre des sommets historiques. Malgré la faiblesse du marché du travail et du secteur de la fabrication, les données économiques globales continuent d’étayer la thèse de l’atterrissage en douceur. Les mesures prises par la Réserve fédérale américaine et la Banque populaire de Chine ont renforcé la possibilité d’un scénario dit « Boucle d’or ». Le problème pour les investisseurs, cependant, est qu’un atterrissage en douceur est largement prévu alors que les actions restent chères. En l’état actuel des choses, nous pensons que l’achat de replis reste la meilleure solution.
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*en anglais seulement
Sommaire exécutif
Au début du dernier trimestre, nous avons considéré que la situation des actions n’était pas attrayante. Alors que les marchés ont poursuivi leur progression au début du mois de juillet, ils se sont effondrés au début du mois d’août, avant de se retourner vigoureusement. Cette correction était différente de celle du trimestre précédent. L’indice de volatilité CBOE (VIX), par exemple, a atteint des niveaux inégalés depuis le début de la pandémie mondiale.
Les fondements du récit de l’atterrissage en douceur ont commencé à céder lorsque le taux de chômage aux États-Unis a fait un bond de plus de 50 points de base par rapport à l’année précédente. Au cours des 50 dernières années, un bond de cette ampleur a toujours correspondu à une récession. La Réserve fédérale américaine (la Fed) a réagi en ne se contentant plus de lutter contre l’inflation, mais en se préparant à faire face également à la hausse des taux de chômage. Les investisseurs semblent commencer à se rappeler qu’historiquement, le début d’un cycle de réduction de la Fed n’a pas toujours été une source de réconfort, la première réduction étant souvent (mais pas toujours) associée à une contraction de l’économie.
Mais la panique sur les marchés s’est calmée aussi rapidement qu’elle s’est manifestée. Malgré qu’ils aient brièvement envisagé un récit de récession, les investisseurs semblent adopter majoritairement l’idée d’un scénario « Boucle d’or ». L’enquête menée en septembre par la Bank of America/Merrill Lynch auprès des gestionnaires de fonds le confirme : 79 % des personnes interrogées estiment que l’économie mondiale se dirige vers un atterrissage en douceur. Le pourcentage de gestionnaires de fonds estimant que le monde se dirige vers un atterrissage brutal est resté relativement constant au cours des trois derniers mois. La confiance croissante dans un atterrissage en douceur, en hausse de 11 % depuis juillet, est le résultat de la capitulation de nombreux adeptes du « non-atterrissage » face à l’opinion majoritaire.
Et les arguments en faveur d’un atterrissage en douceur de l’économie se font de plus en plus convaincants à l’aube du quatrième trimestre. Les ventes au détail du mois d’août aux États-Unis ont été plus élevées que prévu. L’augmentation des ventes de 0,1 % d’un mois sur l’autre a battu les estimations du consensus qui tablaient sur une baisse de 0,2 %. Les ventes hors essence et automobiles ont augmenté au cours des quatre derniers mois. Par ailleurs, les « ventes du groupe de contrôle », qui sont utilisées dans le calcul du PIB, ont augmenté de 5,7 % entre les mois de juin et août, ce qui correspond au rythme le plus rapide depuis août 2023, selon Bloomberg.1 Compte tenu de l’importance du consommateur pour l’économie américaine, cette amélioration mérite d’être soulignée.
Les mesures prises par les principales banques centrales augmentent encore les chances d’un atterrissage en douceur. Le Japon semble avoir suspendu sa campagne de resserrement, après avoir vu le yen monter en flèche et les actifs à risque plonger à la suite de sa hausse des taux d’intérêt début août. Dans le même temps, les autorités chinoises ont lancé un programme exhaustif de relance économique visant à redynamiser l’économie morose du pays. Plus important encore, la Fed entend intervenir. La banque centrale américaine prévoit de réduire ses taux de 50 points de base supplémentaires cette année et de 100 points de base supplémentaires d’ici à la fin de 2025.2 Bien que cela ait pour effet probable de soutenir l’économie nationale, les mesures de la Fed devraient également soulager les pays (tels que le Canada) qui ont été plus exposés à la hausse des taux.
Si les arguments en faveur d’un atterrissage en douceur se sont renforcés, les risques d’un atterrissage brutal subsistent. La courbe de rendement, par exemple, s’est inversée, comme cela se produit historiquement tout juste avant une récession. Nous constatons également les effets à retardement de la politique monétaire restrictive : outre le fait que l’optimisme des petites entreprises reste faible, les demandes de faillite augmentent de manière inquiétante. L’industrie manufacturière, pour sa part, s’est repliée après un bref répit au cours du premier semestre de l’année. Cette faiblesse peut être un signal d’alarme pour les partisans du marché haussier, car les baisses dans l’industrie manufacturière ont tendance à coïncider avec la chute des actions.
L’élection présidentielle américaine présente des risques pour l’économie, quel que soit le vainqueur. Si Donald Trump l’emporte, les droits de douane qu’il a promis d’appliquer aux produits chinois pourraient entraîner une hausse sensible de l’inflation aux États-Unis. Et si Kamala Harris l’emporte, sa promesse de hausses d’impôts pourrait accentuer la faiblesse de l’économie. Les sondages indiquent que l’élection devrait être serrée, ce qui signifie que l’économie et les marchés devront faire face à une incertitude politique considérable à court terme. Quel que soit le vainqueur, l’économie américaine fera face à un important gouffre fiscal à la suite des élections.
À l’aube du quatrième trimestre, nous restons prudents sur les actions aux niveaux actuels. Les valorisations sont élevées, une grande partie du récit de l’atterrissage en douceur ayant déjà été prévue, le positionnement des investisseurs est tendu et la saisonnalité défavorable de l’automne, combinée aux inquiétudes suscitées par les élections américaines, pourrait créer des pressions à la baisse sur les marchés à court terme.
Compte tenu de ces obstacles à court terme, nous pensons que les investisseurs ont tout intérêt à faire preuve de patience à l’heure actuelle. Avec l’intervention de la Fed, il pourrait être intéressant d’acheter des actifs à risque sur repli.
La bonne nouvelle est que l’économie américaine, toujours critique, ne semble pas présenter d’excès dangereux susceptibles d’entraîner une récession profonde ou prolongée. Au contraire, les bilans solides des ménages, les effets de richesse significatifs et les marchés du travail structurellement serrés pourraient limiter tout ralentissement économique réel à un phénomène superficiel et à une reprise rapide.
Toutefois, nous pensons que toute accélération de la croissance mondiale et l’augmentation des effets de richesse finiront par devancer le moment où les forces inflationnistes structurelles dans l’immobilier et les matières premières commenceront à réapparaître, ce qui mettra brutalement fin à la fête.
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1Source: Bloomberg, U.S. Retail Sales Post Surprise Gain, Helped by Online Stores, 17 septembre 2024.
2Source: BNN Bloomberg, Fed’s Neel Kashkari Expects Two Quarter-Point Cuts Before Year’s End, 23 septembre 2024.